viernes, 4 de mayo de 2012

Un sindiós

Por Juan José Millás

Desde que los ministros de Rajoy, en especial Montoro y Ana Mato, decidieron explicar didácticamente los porqués de la demolición del Estado, entendemos las cosas mucho mejor. He aquí un resumen, claro como el agua, de sus argumentos: Se pone precio a la sanidad para que continúe siendo gratuita y se expulsa de ella a determinados colectivos para que siga siendo universal. Se liquidan las leyes laborales para salvaguardar los derechos de los trabajadores y se penaliza al jubilado y al enfermo para proteger a los colectivos más vulnerables. En cuanto a la educación, ponemos las tasas universitarias por las nubes para defender la igualdad de oportunidades y estimulamos su privatización para que continúe siendo pública. No es todo, ya que al objeto de mantener el orden público amnistiamos a los delincuentes grandes, ofrecemos salidas fiscales a los defraudadores ambiciosos y metemos cuatro años en la cárcel al que rompa una farola. Todo este programa reformador de gran calado no puede ponerse en marcha sin mentir, de modo que mentimos, sí, pero al modo de los novelistas: para que la verdad resplandezca. Dentro de esta lógica implacable, huimos de los periodistas para dar la cara y convocamos ruedas de prensa sin turno de preguntas para responder a todo. Nadie que tenga un poco de buena voluntad pondrá en duda por tanto que hemos autorizado la subida del gas y de la luz a fin de que resulten más baratos y que obedecemos sin rechistar a Merkel para no perder soberanía. A no tardar mucho, quizá dispongamos que los aviones salgan con más retraso para que lleguen puntuales. Convencidos de que el derecho a la información es sagrado en toda democracia que se precie, vamos a tomar RTVE al asalto para mantener la pluralidad informativa. A nadie extrañe que para garantizar la libertad, tengamos que suprimir las libertades.

Argentina enseña el camino



En 1922, est fondée la société YPF en Argentine. C’est la première compagnie pétrolière publique en Ibéro-Amérique. Elle doit alors devenir un catalyseur stratégique pour le développe­ment industriel du pays. En 1993, elle est privatisée par le prési­dent Carlos Menem, puis vendue à Repsol en 1998.

Liée entre autres aux intérêts britanniques, la direction espagnole de Repsol décida de dépouiller cette société. Fait admis par leFinancial Times de Londres reconnaissant “que l’espagnole l’utilisait comme une vache à lait afin de réinves­tir les profits ailleurs dans le monde”. L’absence d’investissement et de nouveaux forages avait créé une telle pénurie de pétrole et de gaz que l’Argentine fut obligée, en 2011 et ce pour la première fois en 17 ans, d’importer l’un et l’autre, en dépit de ses ressources abondantes. (EIR).

Le 16 avril 2012, la présidente argentine Cris­tina Fernandez de Kirchner a annoncé qu’elle venait de signer un décret expropriant 51% de la compagnie pétrolière YFP sur les 56% détenus par la société espagnole Repsol depuis 1998. Ceci afin de permettre au pays de retrouver sa “souveraineté en matière d’hydrocarbures” et d’assurer le développement futur de la nation. « Les actions de la Présidente rappellent celles prises par feu son mari, l’ancien président Nestor Kirchner, en 2005, lorsqu’il annonça une restructuration de la dette imposant aux créan­ciers une réduction de 75%, faisant valoir que le peuple passait avant les créanciers internationaux. En 2006, Kirchner a fini par rembourser les fonds dus par l’Argentine au FMI, déclarant qu’’il existe une vie après le FMI, et cette vie est bonne’ ».

Cette décision courageuse sera-t-elle suivie par d’autres pays comme la Grèce et l’Espagne (et bien d’autres qui seront dans une situation similaire prochainement), qui passent sous le rouleau compresseur des pieuvres du cartel bancaire ? Est-ce le début d’une révolte des dirigeants contre les sociétés secrètes qui mènent notre monde ? Tout dépend du courage de ceux qui mènent (officiellement) ces pays mais qui ont souvent fait allégeance pour exercer des fonctions gouvernementales. S’agissant de l’Argentine, cela fait déjà pas mal d’années que la Haute finance anonyme et vagabonde a quelques soucis avec ses dirigeants.

Pas étonnant, dans ce paradigme, que cette bonne employée du cartel bancaire qu’est C. Lagarde soit montée au créneau de la présidence du FMI pour qualifier d’’’odieuses’’ toute comparaison entre la Grèce et l’Argentine ou l’idée que la Grèce adopte une restructuration similaire de sa dette. Dans la foulée, les pions politiques du cartel ont reçu une piqûre de rappel pour exprimer leur allégeance en menaçant d’isoler l’Argentine et de la laisser se débrouiller toute seule. Pour cette classe politique européenne corvéable, qui s’en met plein les poches (peu importe leur étiquette): servir la communauté bancaire est bien plus important que se soucier du bien commun des populations.

C’est ainsi que «le secrétaire du Foreign Office William Hague a promis que la Grande-Bretagne coopérerait avec l’Espagne et nos partenaires de l’UE pour s’assurer que les autorités argentines respectent leurs obligations et engagements internationaux». (Ainsi, ceux-là mêmes qui exigent une austérité meurtrière en Espagne volent au secours des intérêts financiers espagnols.) (Source : Strategic Alert)